Ce jeune fait son premier saut du nid le lundi 31 octobre 2011. Je le visite tous les après-midi. Ce n’est que le vendredi 14 octobre que 2 vols « portants » l’amènent sur le rebord du Causse, au-dessus du site de reproduction. Les 15 et 16 octobre, ses vols d’essai le ramènent au bas de la pente. Enfin, le lundi 17 octobre, des vols portants « maîtrisés » le maintiennent sur le rebord du Causse. A 16h10, il se pose sur un piton, en amont. Ses « frémissements » d’ailes trahissent l’arrivée d’un adulte. A 16h15, la femelle se pose à ses côtés et le nourrit. A 16h18, elle s’envole sur le rebord en aval, tournée vers lui. Le mâle d’Aigle Royal vole dans le dos du jeune et part chasser dans la pente boisée, en amont. La femelle moine s’excite et part vers le mâle d’Aigle. Après 700 mètres de vol, battu-glissé accéléré, elle le rattrape… l’aigle fuit. Elle revient dans le site à grande vitesse et vole, en aval, tournée vers son jeune. A cet instant, la femelle Aigle Royal arrive dans la pente en amont du jeune. Aller-retour de l’aigle, qui finalement vient vers l’aval, vers la femelle Vautour moine. Au niveau du jeune moine, la femelle aigle bascule et pique vers lui… qui, posé de profil la voit arriver. Les serres de l’aigle effleurent sa tête et de peur, le jeune « plonge » dans la crevasse. Entre temps, la femelle Vautour moine s’est posée sur le sol, dans le haut de la pente. Excitée, elle triture une bûche avec le bec… la femelle aigle arrive et déclenche son envol. Les deux oiseaux volent ensemble à hauteur de la dalle rocheuse. A 16h46, ne voyant plus son jeune, la femelle Vautour moine quitte le site vers l’aval. A 17h15, elle s’envole vers la dalle, vient survoler la crevasse et part définitivement vers l’amont. Jusqu’à 17h50, j’attends vainement de voir le jeune Vautour moine.
Le lendemain matin, à 8 heures, je suis sur le site avec Jean-Louis Pinna. Sur les lieux, nous constatons que le jeune Vautour moine est « prisonnier de la crevasse » à une profondeur moyenne de 3 à 5 mètres. Encordé, Jean-Louis descend dans cette crevasse juste assez large pour laisser passer un homme… et permettre le sauvetage du vautour.
Finalement, nous le délivrons de ce « tombeau à ciel ouvert » où il aurait agonisé des jours et des jours. En partant, nous le déposons sur un pierrier « piste d’envol » sur le rebord du causse, au-dessus de l’arbre où est le nid.
A 11 heures, nous sommes au fond de la vallée. La chaleur a dissipé les brumes matinales qui envahissent la vallée. A 11 heures 30, le jeune s’envole, géant noir qui agrandit le ciel. Nous partageons ces douze minutes de portance. Il se pose sur le rebord de la petite barre rocheuse, face à nous. Silhouette sombre sur fond de ciel bleu… de vie.

Jean-Pierre CERET

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